
La révolte des femmes du marché de Conakry, une contestation inusitée, incite le gouvernement guinéen à adopter des réformes. Le régime met notamment de l’avant des mesures visant à libéraliser l’économie, en plus de normaliser ses relations avec la France.
Après l’indépendance, en 1958, le président Ahmed Sékou Touré adopte un modèle socialiste. Il rejette l’influence française et établit des liens étroits avec l’Union soviétique (URSS). Au cours des années 1960, il s’éloigne de la France, puis de l’URSS, avant d’entreprendre une expérience collectiviste s’inspirant de la Chine maoïste.

Celle-ci s’avère un échec, poussant des centaines de milliers de Guinéens à l’exode. Sékou Touré se radicalise après des tentatives de coup contre lui, notamment l’invasion portugaise ratée de 1970. Il raffermit son emprise sur le pouvoir en lançant une campagne de répression contre ses adversaires politiques, particulièrement ceux de l’ethnie Fulani.
En 1975, il prohibe tout commerce privé, une mesure qui est à l’origine de la révolte des femmes du marché de Conakry, en 1977. Celle-ci débute en mars, à la suite d’un décret prévoyant que tous les produits agricoles doivent être livrés par des coopératives d’État. En réaction, les femmes forment des comités pour mobiliser la population contre la cherté des produits alimentaires et l’instabilité économique.
La révolte débute le 27 août au marché de Conakry et s’étend au reste du pays. Des émeutes éclatent et les gouverneurs de quelques provinces sont tués. Confronté à cette révolte des femmes, plutôt enclines à l’appuyer dans le passé, le président légalise le petit commerce à l’automne 1977. Il rétablit aussi les liens diplomatiques avec la France et reçoit la visite du président Valéry Giscard d’Estaing en 1978.

À un autre niveau, il abolit le nom «République populaire de Guinée», en 1979, et rétablit la petite entreprise. La révolte des femmes marque à cet égard un tournant pour le régime en ce qui a trait au rôle joué par l’État dans l’économie.
Perspective Monde